D’après la presse bourgeoise des affrontements avec les keufs auraient éclaté à la suite de l’arrestation d’une personne qui était en train de taguer une banque. Plusieurs centaines de personnes ont affronté les CRS à coups de pavés pendant plusieurs heures, des barricades ont été montées et les vitrines de plusieurs commerces du centre-ville brisées et taguées. Deux compagnies de CRS 83, spécialisées en maintien de l’ordre et implantées à Chassieu dans l’Est Lyonnais depuis 2023, ont été envoyées en renfort des trois compagnies déjà sur place jeudi soir.
Aurillac festival du zbeul
Le festival d’Art du rue d’Aurillac rassemble tous les ans de nombreux artistos, punks, shlagos venus d’un peu partout pour se retrouver et faire la fête. À côté de la partie plus officielle et encadrée du festival, il continue d’exister une ambiance plus bordélique et spontanée où spectateur-ices et artistes se mélangent dans des spectacles non-déclarés, et ou les campements sauvages et camions déglingués parsèment la ville.
La portée populaire et spontanée de ce grand rassemblement annuel n’est pas sans déranger la bourgeoisie locale qui aimerait bien réussir à policer le festival, pour en faire la vitrine économico-culturelle de la ville. Ainsi, les politiques locaux déploient chaque année un dispositif policier conséquent pour tenter d’encadrer le festival et d’éviter tout potentiel débordement.
Ce contrôle s’est particulièrement renforcé après les attentats de 2015 où l’état d’urgence avait justifié un certain nombre de nouvelles mesures de flicage.
"L’émeute, le plus beau des arts de rue"
En 2016, vigiles, keufs et militaires quadrillaient la ville et procédaient à des fouilles et des palpations, saisissant alcool, verres ou objets coupants. Déjà à l’époque, ce contrôle étouffant avait provoqué des résistances, ravivant pour un soir les liens de confiance créés dans les cortèges de têtes de la loi travail, quelque temps plus tôt.
Après qu’un petit groupe soit déjà allé attaquer la perm local du FN les premiers soirs, et alors que la grogne montait, une assemblée pour s’organiser eu finalement lieu et appela à se retrouver rue Carmes à 18h le lendemain pour refuser collectivement les contrôles. Le jour J des centaines de personnes se retrouvent sur place, elles finissent par réussir à forcer le passage et à écarter les barrières. Les gendarmes finissent par débarquer au secours des agents de sécu complétement dépassés et tentent de disperser la foule. Un affrontement éclate alors, les projectiles pleuvent et des barricades sont montées. Les panneaux de promotion des spectacles sont décrochés pour ventiler la rue et renvoyer les gaz lacrymos vers la bleusaille. Les flics finissent par battre en retraite. Le soir même, Aurillac est libérée de la présence policière, tous les points de contrôle sont levés, au moins jusqu’au lendemain soir.
Plus récemment en 2023, le tribunal local avait été saccagé pour protester contre le contrôle policier sexiste du corps des femmes qui avait eu lieu lors du festival. Quelques jours auparavant, une festivalière avait été arrêtée, car elle se baladait torse-nu en raison de la chaleur. Elle avait ensuite été emmenée au commissariat puis visée par une ordonnance pénale pour « exhibition sexuelle ». Une manif avait donc été organisée jusqu’au tribunal, où des drapeaux français avaient été décrochés et incendiés pendant que d’autres personnes avaient réussi à ouvrir les grilles et à enfoncer la porte du bâtiment. La salle des pas perdus et des salles d’audience avaient été saccagées et recouvertes de tags (évoquant entre autres le meurtre policier de Nahel 1 mois plus tôt) et de la paperasse judiciaire avait été brûlée. Mettant en acte la critique d’une justice patriarcale et raciste.
Espérons que les échauffourées de cette fin d’été servent pour une fois d’échauffement au mouvement social à venir plutôt qu’à son habituelle conclusion une fois le printemps venu.